De la vibration sonore à la conscience, de l’humain au Divin

Par Patrick Torre


 

L’expérience de la Conscience est une rencontre bouleversante à bien des égards. Un espace de connaissance insoupçonnable s’ouvre au plus profond de nous-même, établissant une relation indéfinissable dont la seule réalité manifestée nous imprègne et nous transforme. Elle nous fait vivre, les évènements qui nous arrivent sous un éclairage nouveau, avec une compréhension habitée par la conviction inexplicable qu’il existe une autre réalité. Nous développons progressivement une perception plus subtile du monde, avec le sentiment d’être accompagnés d’une présence qui donne intuitivement le sens et guide l’action juste. Par cette expérience, renouvelée dans une pratique quotidienne, notre compréhension de la vie, s’élargit à la lumière d’une acuité nouvelle.

Bien que convoitée par tous les quêteurs d’absolu, la Conscience ne se révèle pas à celui qui la cherche, elle n’est ni dans l’intention, ni dans le savoir, ni dans la mémoire ou l’analyse intellectuelle, elle n’est pas plus le fruit d’une attente ou d’une demande. Pourtant elle est partout, dans tout et en nous, et bien que nous en soyons l’expression même, nous ne pouvons la pressentir tant que nous restons dans notre fonctionnement mental ordinaire. lequel est naturellement soumis à l’agitation et la dispersion mentale, happé par ses mécanismes, ses modèles, ses conditionnement et ses peurs.

Lorsque le centrage et le silence s’imposent à la dispersion et que le mental s’immobilise, la révélation de la conscience est parfois donnée (jamais obtenue). Donnée dans un espace de relation directe, sans commencement ni fin, qui n’est en rien lié à nos connaissances intellectuelles. Cet espace trouve son origine, avant la pensée, avant la parole qui précède la pensée, dans cette intelligence pré-vibratoire qui précède la vibration.

Pour accéder à cet état de conscience, il faut paradoxalement ne rien attendre et ne rien vouloir obtenir, tout simplement vivre au présent ce Yoga du son, le pratiquer librement dans l’instant immédiat, écouter la vibration sonore de sa voix, se laisser porter par le chant (le Japa et les harmoniques), sans intentions ni but, remonter le chemin vers la source.

Il est inutile et surtout regrettable sur le plan de la transmission de ce Yoga, de vouloir exprimer par les mots cette expérience dans sa phase ultime de pure conscience. Dans ce domaine très particulier, les mots ne peuvent que révéler la disparition de cet état sans verbe et en aucun cas prétendre le décrire.

 

Nous allons tenter de donner dans ces quelques lignes, une meilleure compréhension du Yoga du son : Une pratique puissante, orientée vers la méditation et le développement spirituel. Le présent article ne doit pas être considéré comme une méthode initiatique à la pratique des mantras. L’apprentissage proprement dit de la discipline ne peut se concevoir que dans le cadre d’une relation personnelle avec un maître compétant.

 

Le Yoga du son … Origines et fondements

Il est difficile en une phrase d’en donner une définition complète, tant sa diversité est grande et multiple. On peut dire cependant que pratiquer le Yoga du Son c’est contempler les chemins de la conscience en utilisant la parole (logos) et la vibration vocale comme supports de la méditation.

Le « Yoga du Son » trouve ses origines dans la nuit des temps, au coeur des traditions et des religions, bien que libre et distinct de celles-ci. Les pratiques de chants mantriques, plusieurs fois millénaires, sont à l’origine venues de l’Asie au coeur de l’Hindouisme et du Bouddhisme. Prenant des formes multiples et différentes, empruntant parfois des rituels précis et des techniques strictes, et parfois au contraire, dans la pratique, se « laissant aller », à l’écoute de l’instant, improvisant sans contrôle ni intentions particulières, mais recherchant sans chercher le même but.

Selon la tradition les Mantra résidaient dans le Parama âkâsha, l’éther primordial, source de l’univers créé par le son primal Vâch. Ainsi les légendes védiques racontent que les anciens Rishis, doués d’une inspiration divine inouïe, il y a 5000 ans, avaient pu les percevoir et les traduire sous forme audible de paroles, de rythmes et de mélodies.

Le Yoga du Son, utilise le plus souvent le chant de mantra et « bîja mantra », phonèmes sans signification apparente, qui trouvent leur véritable sens dans la vibration et la conscience qui en jaillit. Le mot « Mantra » n’est pas employé pour parler des litanies catholiques, de la prière du coeur des orthodoxes ou des psalmodies soufies, mais il s’agit bien du même concept sous d’autres formes et d’autres cultures. Si le mot Mantra est universellement connu, le concept des Mantras semble en revanche ignoré du plus grand nombre.

 

Troublantes convergences…

La science, dans ses découvertes récentes, semble puiser son inspiration dans une certaine approche mystique et rejoint parfois la tradition. La matière nous dit-elle, est constituée de molécules, d’atomes, d’électrons et de particules. Elle trouverait sa cohérence sous l’action de forces vibratoires déterminant sa forme et sa densité. Ainsi nos scientifiques qui voient aujourd’hui le monde sous formes de vibrations, se rapprochent étrangement des vedas et du son primordial shabda. La théorie du shabda, ou son primordial parle d’une vibration non matérielle, non physique. Une énergie de lumière consciente, douée de puissances créatrices et transformatrices. Ce n’est d’ailleurs pas sans rappeler plus près de notre culture, l’évangile selon Saint Jean « Au commencement était le verbe, et le verbe était Dieu… »

Le Yoga du Son repose sur la connaissance de la “Parole” et la pratique de la vibration vocale. Avant de traiter de l’importance de la voix dans cette pratique, précisons d’abord les différents aspects de la “Parole”.

Tout d’abord qu’est-ce qu’un Mantra?

Un mantra est une combinaison de syllabes formant un noyau d’énergie spirituelle.

Le Mantra n’est pas une formule magique et sa puissance n’est pas la résultante de sa signification intellectuelle ou de sa seule répétition (japa). Son pouvoir vient en réalité de sa composante vibratoire intrinsèque et de sa capacité à concerner notre schéma psycho-physiologique et notre circuit d’énergie interne.

Par la vibration de la voix et l’implication du corps, le mantra libère le mental de ses mécanismes et l’imprègne d’un substrat vibratoire dont la qualité est unique et propre à chaque mantra. Cette composante particulière, essence et forme de conscience, doit être éveillée par une pratique appropriée. Lorsque le chant est juste et que la vibration peut être observée aussi une fois arrivé dans le silence, Ajapa Japa s’impose dans une perception subtile (répétition involontaire du mantra dans le silence de la pensée). A ce stade le pratiquant ne se distingue plus réellement de cette vibration. Il fait « UN » avec la vibration. La forme sonore du mantra prend alors sa véritable nature, puis se résorbe dans son origine, le silence conscient et toute perception avec elle, en harmonie non duelle dans la vibration universelle, expression de la conscience et conscience elle-même.

 

Quel rôle joue la Parole dans notre relation avec le Réel ?

Il faut d’abord comprendre l’importance et le rôle de la parole ou du nom donné aux choses par le langage dans notre processus de perception. La pensée ne peut se concrétiser sans le langage et ne peut se structurer sans les mots. Alors que l’expression populaire dit: « réfléchis avant de parler,… » en réalité et au contraire, c’est la parole qui nourrit la pensée et non l’inverse. Il est impossible de structurer une pensée sans la parole, sans avoir les mots du langage. On ne peut construire de mur sans les briques. Le langage et les mots précèdent et composent la pensée. Si l’on veut comprendre la pensée, comprenons les mots, si l’on veut comprendre les mots, comprenons le son, entrons dans la vibration qui précède le son, et unissons nous à ce qui précède la vibration… la Conscience.

Dans cette pratique d’écoute de l’instant on perçoit que dans notre processus de reconnaissance nous n’avons conscience de l’existence d’une chose qu’après l’avoir nommée mentalement. (L’existence dans notre perception est à distinguer de la réalité suprême inconnaissable). Autrement dit, nous ne sommes conscients de l’existence d’une chose et capables de l’intégrer dans un concept ou une pensée qu’à l’instant où nous pouvons la nommer. Ce qui ne prouve d’ailleurs pas sa réalité absolue mais simplement le fait qu’elle existe pour nous, dans notre réalité individuelle. Si le fait de nommer une chose crée pour nous la conscience de son existence, nous touchons d’un certain point de vue au caractère créateur de la parole le « logos ». sous cet éclairage :` « Au commencement était le verbe… » prend tout son sens. Dans la Genèse, Dieu crée le monde par la Parole.

Le verbe, terme qui signifie mot, « dire » ou « pensée », prend dans le discourt commun une résonance particulière dans le langage philosophique ou biblique.

Pour Héraclite, c’est la loi de l’être, la nécessité universelle; pour Platon, la source des idées; pour les néo-platoniciens, le logos est un des aspects de la divinité; et pour le juif Philon, l’intelligence divine qui organise le monde. Dans la bible, à plusieurs reprises, Dieu est le Verbe.

La notion de Parole créatrice émane de l’Ancien Testament. Par la Parole de Yahvé les cieux ont été faits. Chaque élément est créé d’un dit de Dieu. On peut y lire  » Dieu dit et non « Dieu fait… »

Toi qui par ta parole a fait l’univers, toi qui par ta sagesse a formé l’homme… dit le livre de la Sagesse.

Le Verbe révélé par le Nouveau Testament est Dieu lui-même, substantiel et éternel, incarné dans Christ Jésus pour faire connaître aux hommes Dieu le Père. Dans le prologue du quatrième évangile de Jean, le Verbe est Dieu lui-même. Il est la Parole éternelle par laquelle tout a été créé.

(Cf Dictionnaire de la Bible par André-Marie Gérard, éditions Robert Laffont- Collection Bouquins).

La pratique des Mantra se nourrit d’une imprégnation vibratoire dont l’essence est celle de la Parole. Verbe divin dans sa forme humaine devenu Mantra.

Les mantras offrent la possibilité d’ouvrir des champs de conscience grâce à leurs composantes vibratoires révélées dans la technique de chant.

 

Le mental et notre perception

En pratiquant ce Yoga, nous comprenons vite que nous sommes dans un domaine ou notre intellect ne nous est d’aucune utilité, bien au contraire. À chaque évènement le mental est là pour reconnaître, comparer, mesurer et nous ramener au point de départ. Par sa fonction le cerveau émet en permanence une relation de comparaison vers notre compréhension verbalisée des choses. Nos sensations sont traduites instantanément en espace de mesure de la chose observée par référence à notre mémoire, notre passé dont les valeurs sont stockées et hiérarchisées dans notre conscient et notre inconscient.

 

Quelle crédibilité peut-on donner à notre perception de la réalité ?

Il ne faut pas oublier que pour nous tout est perception. Nous ne pouvons savoir si une chose existe sans l’avoir goûtée, sentie, touchée, vue, ou entendue. Cette perception est l’objet de manipulations permanentes de notre mental et de nos projections qui se fondent sur notre mémoire et nos références.

Tout ce qui est entendu et tout ce qui est dit a une conséquence plus ou moins profonde sur la personne qui le perçoit (ce n’est pas le Docteur Alfred Tomatis qui me démentirait). Si chaque jour vous vous répétez que la vie est magnifique, que la journée va être la plus belle de votre vie, que tout le monde vous trouve géniale, en pleine forme, radieuse, heureuse, en pleine santé, … vous entrerez rapidement dans une perception positive de vous même et de votre relation au monde. Ainsi, les situations seront plus facilement dominées et mieux vécues sous le filtre de cette nouvelle perception. Maintenant imaginons que l’on vienne vous annoncer la mort d’un ami et que vous sortiez au dehors. Il y a de fortes chances que vous trouviez le temps triste, et les gens déprimants, etc… Pourtant ces gens sont les mêmes que ceux que vous aviez rencontrés la veille… Chacun d’entre nous voit le monde à travers son filtre. Dans ces deux exemples un peu simplistes, on comprend cependant assez bien comment notre perception est soumise à la Parole. Par automatismes, elle nous renvoie à nos références inscrites dans le passé mémorisé déclenchant: évaluations, projections et émotions.

La Parole exerce un pouvoir sur notre psyché et nos perceptions du monde. Ceci tient à notre fonctionnement propre et à notre façon de voir les choses. Il n’y a donc pas de certitudes sur notre capacité à voir la réalité de ce qui est et de ce qui n’est pas.

Établir une relation directe à la source de toute chose nécessite donc la traversée de différents plans de perception. L’agitation et la dispersion du mental constituent un premier écran qui se traduit par une prolifération de pensées qui nous amènent sans cesse à une comparaison des références mémorisées, productrice d’intentions qui ne sont elles-même que les projections de ces références comparées. Ce mécanisme mental se nourrit lui-même de ce qu’il engendre. C’est un cercle d’auto suggestion dont il faut s’abstraire pour accéder à l’expérience de la conscience. Il faut sortir du cadre, lorsque la solution est à l’extérieur.

 

Comment le Mantra peut-il ouvrir les voies de la conscience ?

Ces observations préliminaires sur la place de la Parole dans notre mode de fonctionnement montrent à quel point le travail du son et des mantra entre dans l’essence de notre perception de la réalité.

La primalité de la parole sur la pensée situe parfaitement les pratiques mantriques dans la démarche spirituelle. Pourtant le sens réel est au delà des mots du langage et tient à la composante vibratoire elle même. Si l’on envisage une introspection à la rencontre de cet état de fusion en pure conscience. Un passage est donc à trouver entre ce que nous pouvons reconnaître et ce qui est au delà des mots, c’est à dire un état sans verbe.

Le son que nous pouvons percevoir est matérialisation plus ou moins subtile d’une forme de conscience. Pressentir cela, dans sa forme vibratoire la plus subtile, tient à la réunion de plusieurs composantes et au dépassement de nombreux obstacles dans la méditation. Nous pouvons citer parmi les éléments à réunir dans la pratique de Yoga:

– Le choix judicieux du mantra, fondé sur l’expérience de l’enseignant.

– La technique vocale employée pour donner au mantra : capacité et puissance.

– La qualité spirituelle du chant et des harmoniques, la façon de faire vibrer le son du mantra.

– Les plans vibratoires du corps mis en relation de façon cohérente avec le mantra choisi.

– La perception de la relation du son et des mouvements subtils d’énergie.

– L’état d’esprit du pratiquant (sincérité, conviction, confiance, gratitude,…).

– « L’abandon » dans une expérience vécue au présent,…etc.

– Citons aussi l’enracinement sans lequel tout cheminement spirituel est à déconseiller.

 

La technique vocale dans le Yoga du son

La technique vocale dans le Yoga du son

Précisons qu’il peut y avoir de très grandes différences de techniques mantriques entre les psalmodies des écoles soufies, les « voix de gorge » des moines tibétains, les chants diphoniques d’Asie Centrale, les inspire expire sonores des chamanes sibériens, le chant drupah de l’Inde du nord, les chants grégoriens, etc… Essayons cependant de dégager des éléments importants, souvent rencontrés dans ces différentes approches de la méditation par le son.

 

Le japa

Quel rôle joue le japa (répétition mantrique) dans le Yoga du son ?

A ce niveau, vous pourrez lire bien des choses contradictoires sur la façon de chanter et sur le choix des Mantras. Certains détracteurs n’hésitant pas à prétendre que la seule répétition prolongée de n’importe quelle séquence sonore provoque un « vide mental ». A les entendre, une séquence comme Coca- Cola, pourrait convenir dans une pratique mantrique et donner le même effet!

La réalité est bien sûre autre mais il n’est pas totalement stupide de le penser. Le rôle de la répétition intervient en réalité que dans la phase de concentration (Dharana), où le pratiquant vit une alternance entre l’observation de la chose et sa révélation formulée sous forme de mots de son propre langage. A ce stade le Japa est là pour fixer le mental. Le Japa constitue en lui-même une captation du mental et une occupation de l’espace mental de reconnaissance et de comparaison. Dans son rôle, japa est à dissocier de la composante vibratoire du mantra qui concerne les flux de conscience et la charge énergétique et spirituelle. Japa a pour rôle principal de ralentir la création de pensés dans le champs mental.

 

Voyage intérieur…

On pourrait comparer le travail qui conduit à la méditation à un voyage; Point de départ Dhâranâ (concentration). On prend place dans le train comme on prend la posture finale sur le tapis de yoga. Le mantra est répété de façon sonore.

La destination du train est inconnue, cela ne doit avoir aucune importance. Libre d’intention, on observe par la fenêtre ce que l’on voit, ce que l’on ressent, sans y apporter de jugement, d’évaluation ou de comparaison. L’instant est au « non faire ». Rien à corriger, rien à obtenir. Dans un esprit de sincérité, le japa du mantra amène le mental à se poser sur cette répétition mantrique sans échappatoire possible. Le cerveau va très vite, mais ne peut cependant traiter et rendre compte que d’une information à la fois, (Sa vélocité phénoménale nous fait généralement croire le contraire et nous nous pensons capables de faire plusieurs choses simultanément, mais ce n’est qu’une illusion de notre perception. Les informations sont traitées, les unes après les autres et non simultanément). Ainsi le mental se trouve fixé sur la répétition mantrique, incapable de penser à autre chose. Passé ce stade, la voie se libère et le train commence à partir. La répétition mantrique commence à devenir mécanique, puis involontaire. Un paysage défile sous nos yeux sous forme d’images mais nous ne pouvons les nommer, car le japa prend toute la place. Il n’y a plus d’espace pour la verbalisation. C’est le rôle de Japa.

Dans ce voyage nous voyons passer aussi des quais de gares où il ne faut pas s’arrêter. Ce sont les obstacles à la méditation qui apparaissent sous forme de pensées : Obstacles culturels (du type: « Est-ce bien normal de chanter des mantra, oserais-je le faire »). Obstacles de l’évaluation (trop de technique, faire une performance, trop « Sthira », de vouloir « bien faire », « ma voix est trop haute, pas assez forte ». Obstacles des peurs (peur de l’inconnu, peur du jugement de l’autre,…). Obstacles des savoirs: (« cette technique me rappelle cette expérience qui m’a conduit à… »). Obstacle qui consiste à ce référer à la pensée conceptuelle qui à la prétention de tout pouvoir expliquer : (« je suis la méthode: a, b, c,… jusqu’à z ) Obstacles de la reconnaissance de l’atteinte d’un résultat, « Çà y est, je suis au but « , etc…

Ces concepts sont autant de paysages déjà vus, où le mental s’impose à la méditation et fait triompher la pensée masquant la réalité. Il faut accepter l’idée qu’au delà de la pensée conceptuelle, il existe une autre réalité masquée par notre fâcheuse habitude de vouloir tout expliquer. Ce que les Hindous appelle le voile de Maya qui est notre champs mental.

Que de gares à laisser passer, sans y attacher d’importance. Soyons Sukha,… dans l’acceptation, l’abandon, le lâcher-prise et le train poursuivra sa route. Quand ces obstacles surviennent revenons tranquillement au japa dans la confiance et l’intimité accordée au mantra. Japa est comme un refuge, lorsque le mental s’impose à nouveau en maître absolu et dicte sa loi.

La puissance du Mantra

Revenons à l’exemple du pseudo-mantra; Coca Cola, dont la composante spirituelle est vide. Sa répétition prolongée ne conduirait probablement qu’à un lavage de cerveau. Cette séquence sonore resterait stérile et serait incapable de nous emmener plus loin. Nous n’aurions dans ce cas aucune chance de connaître la fin du voyage. Il manque en effet une chose essentielle: la composante vibratoire spirituelle, capable de transformer ce train terrestre en train céleste. Sans ce substrat vibratoire subtile, fruit de la conscience, matérialisée dans les phonèmes d’un Mahâ mantra (grand mantra), le voyage ne peut conduire à la méditation.

Précisons que le Japa n’est pas le seul moyen de fixer le mental. C’est sans doute le plus courant dans les techniques de concentration mais malgré son efficacité c’est le plus simpliste. D’autres approches, basées sur le chant harmonique ou la mélodisation improvisée, sont plus subtiles et tout aussi intéressantes. Elles ont souvent ma préférence lorsque les groupes de travail sont composés de pratiquants inexpérimentés, dont le parcours émotionnel n’est pas encore achevé. On pourrait aussi citer les techniques soufies ou celles du Kodo japonais inspirées de « l’élan brisé », provoquant un contraste déclencheur de conscience entre l’énergie foisonnante de la phase sonore et le silence imposé dans l’instant, par un arrêt immédiat de la répétition mantrique. L’observation du silence qui s’en suit compte aussi parmi les belles expériences à vivre.

La voix

Elle joue un rôle primordial dans le Yoga du son.

La pratique du Yoga du son repose sur la Parole sous forme de Mantras mais aussi sur l’émission, le contrôle et l’écoute de la voix qui constitue le deuxième axe du Yoga du son. C’est la qualité de la voix qui transporte le pratiquant dans les espaces de sa méditation. Il faut savoir qu’à chaque instant notre corps et nos sens captent en permanence des formes sonores ou vibratoires qui sont intégrées dans notre mémoire et jouent un rôle dans notre perception et notre compréhension consciente et inconsciente du monde. Certaines vibrations sonores, on le sait peuvent briser une vitre, donc défaire une structure physique. Ceci montre le caractère transformateur du son et sa capacité d’agir à la source de la matière. Les plans supérieurs de la conscience sont au delà du mental et sont faits d’une essence sonore subtile où la communication ne peut s’établir qu’à des niveaux de qualité vibratoire compatibles et harmonisés.

Si Japa se destine au Mental, le substrat vibratoire de la séquence sonore du Mantra se destine à établir un pont avec la conscience. Le Mantra intègre à la fois la dimension cosmique universelle dans notre espace intérieur en y superposant les perceptions. Les mantra peuvent avoir une signification ou non (bija mantra) et cela n’a pas une grande importance. Ce qui est important c’est le noyau d’énergie spirituelle qui sommeille dans les phonèmes du mantra et la façon de l’activer.

Avant de pratiquer un mantra, il faut en connaître les effets. Le mantra doit toujours être mis en œuvre, pour le bien de tous, dans un esprit de compassion et d’offrande. Les sons qui forment le mantra donnent une indication sur les effets de celui-ci. Mais l’alchimie mantrique empreinte des voies insondables. Seule la pratique en révèle la réalité. Une localisation, un mouvement et une fonction. On peut dire que les voyelles et les consonnes qui forment les phonèmes d’un Mantra induisent :

La localisation qui s’établit dans le corps physique et énergétique. Ainsi le son « M » vibre à la fontanelle sahasrâra, le « Ng » entre les yeux âjnâ, le « A » au larynx vishudda, le « ô » au coeur anahata. etc…

Consonnes et voyelles associées concernent des localisations moins accessibles, comme par exemple HU – HO sous le nombril – Manipura, ou d’autres sons que je ne donnerais pas ici concerne Mûlâdhâra.

Le mouvement qui est généralement induit par les voyelles. Ainsi le « A » induit l’expansion, le « I » l’ascension, le « U » (ou) la descente, etc…

La fonction qui traduit l’effet (intégration, contact, résorption, stimulation). Ainsi le son « O » assure la diffusion, l’absorption, l’intégration, la perméabilité des espaces,. Le son « É » la prise de contact, la communication, la connexion. »U » concerne l’énergie à sa base, »I » l’énergie vers le haut, « H » le souffle, « K » la visualisation extra corporelle, « N » le centrage, etc…

Tout cela est bien trop complexe pour être abordé en quelques feuillets et demande une pratique guidée sans laquelle on ne peut rien comprendre. Ces exemples montrent simplement,les « éléments sonores » dont dispose le yogi dans ce travail. Il s’agit de suivre à l’intérieur du corps, un point de départ (localisation), un mouvement, (une direction), une fonction. Observer cela sans intervenir, sans agir.

L’alchimie sonore des mantra se révèle d’une richesse illimitée dans la pratique. Elle prend des formes différentes pour chaque personne. Ainsi un même mantra ne livre pas les mêmes choses selon la personne. Comme une séance de Hatha Yoga constituée des mêmes postures sera vécue différemment si elle est conduite le matin ou le soir. Chacun y trouvera ce qu’il est prêt à recevoir.

 

La qualité de la voix

Le Yoga du son est une démarche personnelle et intérieure. En cela il est très différent des préoccupations du chant. La notion d’esthétique n’a aucune importance dans le chant des mantra, même s’il arrive souvent qu’un groupe de chant mantrique laisse entendre de très belles choses à l’oreille. Seul l’établissement de l’expérience est l’important. Les qualités de la voix sont néanmoins développées parfois au delà de ce qui est nécessaire pour le chant.

L’ouverture du larynx (siège des émotions), la descente de la voix dans le grave, la conscience de la respiration et du diaphragme, font l’objet d’un travail approfondi. La voix doit être capable de réveiller l’énergie subtile du mantra et d’harmoniser le corps avec la vibration de l’univers le Shabda.

Mention spéciale : Le chant harmonique.

Forme de Yoga du son, la pratique du chant harmonique est l’une des expériences les plus intéressante qui soit. La vibration du chant Harmonique est capable de transformer une simple voyelle en un bija mantra de très grande efficacité. Émanation consciente du chanteur, à peine est-elle créée que l’harmonique revient déjà d’une autre sphère. Impossible à localiser, l’harmonique sonore est déjà l’expression de quelque chose qui ne nous appartient pas. Quelque chose qui nous dépasse. Ces qualités spirituelles et acoustiques lui confèrent une puissance inouïe du point de vue de la méditation.

La simple écoute de cette kyrielle d’harmoniques transporte l’auditeur dans un autre plan de conscience. Indicible et inoubliable expérience d’écoute.

 

La tessiture et les racines…

La pratique de la voix, conduit à l’élargissement de l’amplitude vocale. Il est étonnant d’observer, chez les européens des voix souvent « haut perchées »dont la vibration ne concerne quasiment que la tête ou la partie supérieure. La participation du corps dans son ensemble, implique un travail de descente de la voix dans le « grave ». Relâchement des muscles du larynx, mobilité des cartilages du cou, étirement progressif des cordes vocales, respiration diaphragmatique, conduisent peu à peu le pratiquant à retrouver le plaisir d’être avec et par sa voix, retrouver un « bien être », une tranquillité, une distance que la pratique du son installe avec une grande facilité.

Avec un peu de technique, on parvient à vivre un bain vibratoire de fréquences basses qui conduit très rapidement à un changement d’état de conscience.

 

Petite histoire…

Une fois de plus les affaires de l’empire chinois se trouvaient en désordre complet. Il y avait l’anarchie, la peste, la famine et la corruption généralisée. Alors l’empereur demanda à un sage ce qu’il fallait faire (à l’époque on demandait conseil aux sages, … ). Le sage chinois lui répondit: « et bien il faut restaurer le sens des mots ».

Les mots ou mantra sont des sonorités, une matière physique vivante, mesurable, liée au corps. Mais cette chose mesurable est porteuse d’autre chose, porteuse de sens, de conscience, indépendamment du contenu du sens, indépendamment de la signification du sens. Le sens échappe ainsi aux significations et à la rationalisation.

Comme nous venons de le voir, les mantras sont porteurs de sens (à ne pas confondre avec signification, même si parfois certains mantra ont aussi une signification). Ce sens donc, qui est forme de conscience perceptible, établit ses ramifications dans le vécu de chaque être. Le vécu se révèle à nous par les émotions et ne peut être séparé du sens par la seule volonté de l’intellect. Car l’émotion qui révèle le vécu et le sens, se situe avant la pensée et avant la Parole. Mais l’émotion en même temps, obscurcit ou peu obscurcir une partie du sens. C’est pourquoi la pratique du Yoga du son intervient aussi sur le corps émotionnel par un nettoyage intérieur sans lequel le sens resterait caché. Ainsi les émotions non formulables, enfouies au plus profond de nous-même depuis des années, remontent à la surface. Le chant opère un bain vibratoire des zones encombrées de notre corps et libère généralement un flux d’émotionnel sous des formes diverses. (Joies, rires, pleurs, chaleurs, nausées,…). Les techniques utilisées par les chamanes sibériens, les danses des derviches tourneurs et certains mécanismes de transe, ne sont pas sans rappeler cette nécessaire purification. Ce désencombrement, abordé aussi par l’ascétisme, qui vise à laver le prisme de verre par lequel doit passer la lumière

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 Mantra et prière, quelles différences ?

On trouve dans toutes les grandes religions monothéistes, au coeur des pratiques de méditation chrétiennes, musulmanes ou hébraïques, la présence incontournable de chants, de prières ou de mantra (noms révélés de l’être divin). Ce sont Paroles de soumission pour les uns, expressions de vertu pour les autres, paroles évocatrices ou paroles ascensionnelles…

 

La prière rejoint parfois la pratique mantrique lorsque celle-ci est autre chose qu’ une demande adressée à Dieu. Car lorsque le récitant célèbre la lumière divine, sans attente et simplement au service, dans la ferveur de la "véritable" prière, de nombreuses analogies avec la récitation mantrique apparaissent. A ce stade le mental se fige, ouvrant la porte des espaces célestes.

 

Mais soyons clair, le Yoga du Son n’est pas une alternative aux religions.

Le Yoga est l’expérience de la corporalité. Il peut simplement apporter à un chrétien, un juif, un musulman, un bouddhiste,… une meilleure compréhension des fondements et des rituels religieux. Mais le yoga n’est ni une croyance, ni une religion mais une technique permettant d'atteindre l'état de méditation.

 

Dans la même logique, on peut comprendre que ce qui fait l’intérêt des bija mantra (ces phonèmes sans signification) c’est justement le fait qu’ils ne portent en eux aucun concept, aucune signification. Ils sont un pur concentré vibratoire de Conscience. De ce fait, ils possèdent la qualité de merveilleux compagnons de voyage dans les méandres de la méditation. Si le bija n’a pas de signification, il a le pouvoir en revanche de nous donner le sens des mots, le sens de la parole.

 

Pour conclure…

Le chant mantrique fait souvent appel à des techniques de transmissions orales qui nécessitent un enseignant expérimenté. D’une diversité incroyable, elles viennent du fond des âges, des traditions et des cultures anciennes. En cherchant à trouver les fondements et les sources de ces techniques, en les expérimentant auprès de leurs détenteurs, le sentiment d’universalité s’impose. C’est à dire qu’en pratiquant avec cette ouverture, on s’aperçoit que depuis toujours les hommes ont recherché la même chose: Se situer dans le tout.

 

Le temps et les intentions erronées ont parfois hélas, dénaturé les pratiques. Certaines religions en ont même perdu presque totalement leurs techniques de méditation. Parce que mal compris, mal interprétés, ces rituels déformés ont fait perdre la compréhension du language des sons, le sens réel des mots et de la Parole divine. Le sens que l’on trouve dans la vibration des phonèmes mantiques. Par bonheur, le chant des noms sacrés permet de retrouver l’expérience première des sons créateurs.

La pratique du son permet de dépasser l’espace limité de nos mécanismes mentaux et d’aller vers une libération. Les Mantra interviennent dans la couche inconsciente du mental et en modifient les références. Selon les traditions ces pratiques intègrent souvent une technique d’enracinement sans laquelle toute expérience mystique ne serait pas sans danger, une technique de stabilisation mentale (Japa, contemplation vibratoire, jeu mélodique, harmoniques) et une technique de « non-connaissance », permettant à la méditation de s’installer dans le silence vibratoire, dans cet espace à la source de toute choses ou nous conduit l’essence sonore du Mantra.

Dans l’incapacité d’émettre des pensées autres que cette attention à la répétition mantrique qui occupe tout l’espace des mécanismes mentaux, l’activité mentale ralentie, s’apaise et ouvre un champ de perception non conditionné, au delà de l’espace de fonctionnement mental, au delà de nos mécanismes de comparaison et d’intention.

Cette forme de yoga repose sur le principe qu’il n’y a rien à connaître, rien à obtenir. Simplement intégrer le son dans sa pratique sincère et bienveillante. Considérer le mantra comme un compagnon de voyage. Écouter la vibration dans son corps, sentir sa dématérialisation dans le son, sans l’évaluer ou la juger. Puis dans la confiance, progressivement abandonner, devenir le son. Et laisser apparaître ce qui est en arrière plan, ce que l’immédiateté révèle dans la vibration sonore et qui s’impose à nous dans sa forme. Puis, au delà de toute volonté, dans le silence, vient ce moment ou le son lui même, dans sa forme inaudible la plus subtile se résorbe à son tour dans le silence et toute chose avec lui y compris nous même dans la non dualité absolue.

Il n’est pas nécessaire de chercher cette expérience en dehors du monde, il suffit de s’établir au centre de son être, et laisser vivre en nous même cette universalité transcendante qui pénètre tout et qui change tout.By Patrick TorreDe ces vibrations complexes émane le monde que nous voyons. La Physique Quantique explique qu’à chaque instant nous produisons et percevons des millions de signaux vibratoires vers tous les êtres vivants ou inertes de la création.Dans cette mystérieuse matrice hologrammique, le « Tout » et l’élément sont de même nature, indissociables et interdépendants. Superficiellement, les choses nous apparaissent distinctes et séparées mais en arrière plan, il n’en est rien; « Tout est dans tout ».

Pour cela il faut être « Conscient », et avoir la capacité de réunir tous les fragments de ce que nous sommes pour vibrer à l’unisson avec la vie. Tant que nous nous croyons séparés du monde, il n’y a qu’une illusion d’harmonie. De la séparation, naissent la dissonance, la tension, le conflit, la maladie. L’être réunifié est Sain, Saint (Holly) entier (Whole).

La vie est un immense bain de vibrations, un continuum sans fin, où microcosme et macrocosme émanent de dimensions invisibles et verticales… Seule une immersion consciente dans l’UN, vous révélera qui vous êtes vraiment dans ce flot cosmique et quel est le sens de votre existence. Dhyana est cette immersion, appelée aussi, Méditation.

Même la pierre que nous croyons solide et immuable comme le roc, n’est en réalité constituée que de vide et d’ondes vibratoires. Il n’y a pas de différence de comportement entre une onde et une particule de matière. L’univers est vide et ceci est très inconfortable pour notre bon vieux rationalisme intellectuel.

Elle consiste à créer de la densité, du concret ou du rejet pour se protéger du vide et du néant. Il faut se rassurer, fixer les choses, s’accrocher à une forme, un modèle, une certitude. L’égo règne en maître et l’intellect est roi. Il faut tout contrôler pour se maintenir dans l’existence. C’est la peur de ne pas y parvenir qui nous amène à vouloir figer les choses, le changement est inquiétant. Stressé par la nécessité de réussir, en lutte contre la vie, l’espace manque pour savourer l’instant. Il faut sans cesse prévoir, ruser, défendre, regarder devant, vers le futur. Or le futur n’existe pas encore, le passé est déjà mort. Voilà comment beaucoup d’entre-nous passent à côté de leur vie sans la vivre. Seul le présent peut offrir la jouissance et la joie. Encore faut-il être capable de le comprendre, être disponible à l’instant présent et s’en donner les moyens au quotidien.

On ne cherche pas à construire une cuirasse de guerrier pour s’opposer à ce qui est là. On ne cherche pas à devenir meilleur, à cultiver sa force et faire des performances. On fait face à la vie, sans fuir, sans s’oublier dans des activités multiples. On cherche à devenir totalement conscient, sans attachement ni dépendance. On comprend qu’il ne sert à rien de s’accrocher à des croyances ou des masques, des comportements conditionnés par un savoir dogmatique emprunté . Il y a discernement, conscience de ce qui est.

L’être conscient est bien différent de l’être croyant car sa vérité n’est fondée que sur sa propre expérience et non sur celles des autres. Ses racines sont plus solides car nourrit une compréhension directe. Il n’y a plus confusion entre Essence et Existence, Réel et réalité. Le Réel est collectif et essentiel. La réalité est individuelle et existentielle. Les deux associés forment à la Vie.

Si proche et si difficile à trouver par ceux qui se laissent caparaçonnés dans l’illusion. Illusion de la matière, illusion du corps, illusion de la personnalité, illusion des croyances ancestrales. Simple car TOUT EST LA et ardu car comme les vagues ramènent l’écume sur la plage, de façon incessante ; les pensées ramènent dans cet espace vierge et pur, mille croyances et pensées parasites qui ne permettent plus de voir, entendre ni ressentir la quiétude intérieure, le calme intérieur, le soleil central, ce centre lumineux qui est en chacun de nous.

Il s’agit de trouver son  » Centre », la source de toutes les potentialités. Le point à partir duquel peut se déployer spontanément une réponse, une action, une forme adaptée à chaque situation. Dans cette vision, Il n’y a aucune identification de la personne ni à la forme, ni à la fonction, ni à quoi que ce soit de périphérique, pas plus qu’il n’y a d’attachement à celles-ci.

L’existence est la surface de la vie. Elle est éphémère et chaotique comme les vagues de l’océan. Celui qui trouve son centre, trouve la profondeur, l’essence de la Vie. Fort de ce référentiel nouveau, ses propres valeurs changent, la confiance en la vie s’installe.. Même en mouvement, l’homme conscient de sa profondeur, ne se perd jamais. Il ne s’identifie plus aux vagues de la surface car il voit la profondeur de l’océan. Il est à la fois la profondeur et la surface. Il est l’existence dans sa fluidité et ce continuum de vie en mouvement qui nourrit toutes choses.

Être la profondeur plutôt que la surface, l’action plutôt que l’activité, la force tranquille plutôt que l’agitation, l’instant (verticalité éternelle) plutôt que le « temps qui court » (l’Espace-temps),… Ce point (Hara) c’est le centre de nous-même, notre nature véritable.

Cette expérience lumineuse s’installera en vous et vous ressentirez plus de sécurité, plus de fluidité, plus d’acceptation, plus de légèreté, plus de créativité pour avancer dans le courant de la vie. Vous ne pourrez plus vous perdre, car il n’y aura plus de distances entre vous et la vie. Vous serez devenu intimement la vie, infiniment la vie.

Pourtant beaucoup s’identifient à la forme, à la fonction, à l’emploi. Généralement le point n’est pas perçu. s’afficher en tant que forme c’est offrir à l’adversité une chose palpable, une cible claire, manipulable à souhait. Non seulement c’est un emploi et non une identité mais c’est une chose qu’il faudra défendre, imposer ou dissimuler. Par contre si vous êtes identifié au point, (lorsque le centre est perçu) personne n’aura d’emprise sur vous. Comment pourrait-on saisir un point qui est partout et nulle part, qui n’a ni lieu ni épaisseur. La forme doit rester en devenir. Elle pourra jaillir du centre dans l’instant comme une réponse adaptée à la nature de l’environnement. Il n’y a pas à choisir, les vagues de la surface sont constituées des mêmes gouttes d’eau que celles des profondeurs de l’océan. l’Essence et l’existence, le point et la forme sont nourris de la même lumière. Être conscient c’est voir dans la profondeur des choses. Discerner et intégrer pour participer pleinement au processus créateur sans être berné par les apparences

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Ils avancent pas-à-pas dans la pratique du Yoga du Son. Il n’y a rien à croire et tout à découvrir. Par l’expérience elle-même, chaque chose est mieux discernée, amenée à la conscience et à sa juste place. Il n’y a plus de conflit, ni de doutes mais il y a naissance d’une compréhension véritable de ce que nous sommes.

Le bien-être n’est pas le but de la pratique, mais la conséquence de ce cheminement vers la vérité. Il naît de l’apaisement des conflits intérieurs et de la joie du coeur obtenu par la pratique des chants.

Cette vision, cette autonomie, cette liberté, cette force tranquille,… C’est cela que porte le Yoga du Son. L’art des Mantras et du chant sacré nous conduit à faire l’expérience de la Conscience pour clarifier notre compréhension.

Bienvenue sur la voie de la voix !

Patrick Torre